Licence culte du jeu vidéo s'il en est, 35 ans d'existence au moment où j'écris ces lignes, plus de vingt titres sortis sur tous les supports Nintendo... Bref, à ce niveau là il n'est pas nécessaire de présenter la saga Zelda. Six ans après "Breath of the Wild" (BoTW), on aurait logiquement été en droit d'attendre une expérience novatrice mais le studio de Kyōto a préféré prendre une toute autre forme de risque. En effet, et à l'instar de "Oracle of Seasons" et "Oracle of Ages", c'est sous une forme similaire à son grand frère que "Tears of the Kingdom" (ToTK) voit le jour en 2023.
On retrouve le même gameplay, le même monde ouvert, la même ambiance... ou pas ! Bon soyons honnêtes, quiconque enchaînerait "BoTW" et "ToTK" aurait la furieuse impression qu'il s'agit du même jeu. Et à raison, tant les similitudes sont là. En surface.
Tout d'abord, le gameplay évolue et se tourne vers l'accessibilité. Par exemple, dans BoTW, il était obligatoire d'améliorer l'endurance au maximum pour pouvoir aller partout. Ici, ce n'est plus le cas. La topologie des environnements a été modifiée pour avoir plus de points de repos, permettant d'escalader toutes les parois même si la jauge n'est pas à son plein potentiel. Link dispose également de tout un panel de nouveaux pouvoirs : saisir des objets à distance, les faire bouger, ET pouvoir les coller entre eux afin de créer des véhicules, des objets défensifs, ou toute autre chose. Je vous conseille de visiter le subreddit HyruleEngineering pour admirer l'ingéniosité des joueurs ainsi que la permissivité du jeu. Un autre pouvoir donnera la possibilité de fusionner différentes armes entre elles afin d'en augmenter la puissance et créer des combos aussi originaux qu'utiles, comme coller un champignon sur un bouclier afin de faire rebondir un ennemi en arrière lors d'une attaque bloquée. Le pouvoir d'infiltration permettra de traverser les parois situées au dessus de Link, et enfin, celui de rétrospective de rembobiner le mouvement d'un objet.
Pour ce qui est du reste du gameplay, il sera identique et aussi efficace que dans BoTW. Paravoile, balades à cheval, cuisine, armes qui se brisent et toute une panoplie d'armures et tenues à choisir en fonction de l'environnement. C'est finalement une formule classique dans un jeu Zelda, puisque tout n'est pas TOUJOURS utile et ce sera aux joueurs et joueuses de s'adapter.
Notons toutefois l'implémentation de compagnons d'aventure qui accompagneront Link au fil de l'histoire. Ils sont au nombre de cinq, et apparaissant après les missions principales visant à récupérer les pouvoirs des sages. Chaque compagnon propose une capacité unique, par exemple un souffle puissant permettant d'accélérer en plein vol, lancer un Goron sur un mur de pierre pour le briser, lancer une sorte d'AOE d'éclairs, ou encore une attaque à base d'eau. L'inconvénient étant qu'il faille, en plein combat, aller voir le compagnon souhaité pour activer son pouvoir... Loin d'être pratique car les compagnons se battent bien et ne restent donc pas en place ! Il sera donc légion de courir vers l'un d'entre eux mais au final d'activer le pouvoir d'un autre. J'ajoute qu'il est quand même assez rare d'avoir besoin des pouvoirs des compagnons, hormis dans les missions principales qui les concernent.
Le monde d'Hyrule est toujours le même mais il a subi quelques transformations. Si on pourra retourner dans les différentes cités et y retrouver les mêmes bâtiments et les mêmes PNJ, sachez toutefois que la surface à explorer va plus que doubler par rapport au jeu précédent : en effet, le sous-sol d'Hyrule deviendra accessible, de même que différentes îles célestes. Chaque zone renfermant des spécificités et ses intérêts propres à tel ou tel aspect du jeu.
Et côté ambiance ? Nintendo a amplement amélioré la recette du précédent Zelda, qui était déjà, à mon sens, quasi parfaite pour qui aime se perdre en chemin. Tout concourt à faire qu'un objectif précis se transformera en périple et en détours inattendus. Car il se passe toujours quelque chose, il y aura toujours un énévement, un lieu, un truc suspect à aller voir alors qu'on s'était juré qu'on irait en ligne droite vers tel ou tel endroit. Et c'est là l'une des forces principales de cet opus, et qui explique entre autres pourquoi entre mai 2023 et février 2024 je n'ai pas touché à un autre jeu vidéo ! Des quêtes secondaires à foison, qui ont souvent un intérêt et un lien avec l'histoire principale rythment l'aventure et si elles seront rarement sources de récompenses utiles, elles sont toutes plaisantes à terminer. Scénarisées, parfois poétiques, drôles... elles participent à faire d'Hyrule un monde qu'on aime découvrir.
L'histoire bénéficie d'une narration bien plus poussée, ce qui permet d'apprécier le scénario, même si il passera souvent au second plan par rapport au reste de ce que propose ce puits sans fin de choses à faire. Classique dans sa trame, il révèle néanmoins quelques surprises, et la toute dernière partie du jeu est épique.
Une expérience incontournable du médium qu'est le jeu vidéo.