De déboires en catastrophes, on pourra dire que "Solo" aura su faire parler de lui pendant sa phase de production et de post-prod. Une promotion à bas prix qui aura desservi un film qui somme toute demeure très largement au dessus de la moyenne des productions Disney/SF de ces dix dernières années.
Lorsque Lucasfilm a annoncé son désir réaliser des films d'anthologie sur l'univers Star Wars, j'étais à la fois excité et dubitatif. Excité car il y a tant à dire et à montrer que les possibilités sont infinies. Dubitatif car plonger dans l'univers SW c'est aussi prendre le risque de le modifier ou d'en donner une vision édulcorée. Rogue One m'a complètement rassuré, même si il aurait pu être beaucoup mieux. Mais la prise de risque (film sombre, personnages inconnus) a payé.
Avec Solo, on attaque le panthéon des personnages bankables donc logiquement promis à un beau succès. L'Histoire démontrera le contraire, mettant entre parenthèses d'autres projets juteux et alléchants comme des anthologies sur Obi-Wan ou Boba Fett. Tant pis, mon petit cœur de fan attendra.
Mettons nous d'accords sur un point : ce film ne sert à rien. Il n'apporte strictement rien à Star Wars, et n'apprend que peu de choses sur le passé de Han Solo. En somme, il a quasiment autant d'utilité que "The Last Jedi". Mais il peut toutefois se gausser d'être plus intéressant et plus original que son ainé même s'il puise ses sources d'inspiration dans tellement d'autres films que c'en deviendrait risible. On est surtout épargnés par l'humour offensant de débilité qui pourrit carrément l'Episode VIII.
L'histoire de Han nous est donc contée à la manière d'un film d'aventure initiatique, des ruelles sombres de Corellia au cockpit du Millenium Falcon. De rencontres en mésaventures, de trahisons en plans foireux, on retrouve une construction classique dans la trame, parsemée d'idées fraîches et bienvenues mais aussi hélas de relents nanardesques. On se délectera donc des parties de sabaac, des environnements et des décors, des costumes, ainsi que de l'ambiance globale, qui fait réellement ressortir un sentiment qu'on ne retrouve que dans un Star Wars. A la manière de Rogue One, c'est parfois l'impression de revivre des passages de "Shadows of the Empire" ou de "Jedi Knight" qui m'a assailli, pour mon plus grand bonheur.
La musique reste par contre beaucoup trop en retrait, et seules les reprises timides de thèmes connus éveillent l'oreille le temps de quelques notes épiques.
Comme je l'écrivais plus haut, c'est surtout au niveau de l'intérêt global du film en regard du reste de la Saga que le bât blesse... On ne pourra jamais parler d'un "avant" et d'un "après" car tout est dispensable dans "Solo". Certes on découvre comment Han et Chewie se sont rencontrés, et c'est même relativement fidèle aux bribes de la légende qui étaient saupoudrées dans l'ancien Univers Etendu. Mais leur amitié est survolée, et il n'est jamais fait allusion au fait que Chewie est censé avoir une dette Wookie à vie envers Han. L’acquisition du Falcon et la rencontre avec Lando manquent également d'une dimension plus dramatique ou plus épique, et j'en regretterais presque que le voile soit levé sur cet épisode.
Un petit mot enfin sur l'espèce de révélation vers la fin du film, sortie d'on ne sait trop où, pour servir de prévente à une suite... La présence de Maul, qui a fuité par tous les pores d'Internet, semble déjà en totale incohérence avec la série Rebels, qui présentait un demi-Sith à moitié fou et vivant en ermite. Le plus frustrant dans l'histoire c'est qu'on en aura jamais le fin mot.
C'est donc une impression relativement bonne que laisse ce spin-off sur le contrebandier mythique. On sent d'une part que tout n'est que survolé et sans grand intérêt, mais l'ambiance est bel et bien là, on retrouve du grand arabica pur Star Wars issu des plaines des Tatooine, et finalement c'est bien ça le plus important.