Jane Campion prouve encore une fois qu'elle maitrise son sujet, mais qu'elle met toute prise de risque de côté. On retrouve sa patte, tant au niveau du scénario que de la réalisation, à la fois simple et complexe. Visuellement parlant, c'est superbe. Les larges focales écrasent les personnages dans les décors du Montana, la colorimétrie désaturée rend la nature plus hostile. Et Benedict Cumberbatch sur qui repose tout l'intérêt du film, crève littéralement l'écran.
Il est imposant et charismatique, et ce rôle lui sied à merveille : le type qui se prend pour meilleur que les autres, qui a une grande gueule et qui veut tout gérer et qui refoule son homosexualité. Ça rappelle un certain détective anglais, non ?
Un film aussi culte que son réalisateur, impressionnant sur le plan technique avec des maquillages incroyables, et une véritable prouesse sur les scènes de morphing. Alors qu'aujourd'hui il est inimaginable de voir ce genre de transformation sans CGI, ici on sent certes que c'est du plastique mais on sent aussi et et surtout que c'est réel et tangible. Et le résultat a plutôt bien vieilli.
On en dira pas autant du scénario qui de nos jours n'a plus rien d'extraordinaire et auquel il manque un épilogue, mais malgré tout, l'histoire est prenante.
De l'actionner pur et dur des années 80, doublé d'un buddy-movie, recette efficace s'il en est. Stallone et Russel campent deux flics pas si différents que ça. L'un est propre sur lui et bourrin, l'autre est plus crade qu'une semelle et bourrin.
Le résultat est tout aussi parodique qu'un Last Action Hero, avec des séquences complètement foutraques et beaucoup d'humour, parfois grivois, parfois assez fin.
Les méchants sont des clichés sans intérêt, mais ils sont le reflet d'une autre époque.
Dans l'océan des reboots et des revivals de grands succès cinématographiques des années 1980-90, ça sent un peu le poisson pourri, et à bien y regarder, il y a énormément d'Ostéichtyens qui flottent à la surface. Prenez Indiana Jones, Terminator, Star Wars, Die Hard, Alien, et j'en passe... des tentatives de remettre sur le devant de la scène des licences cultes qui se sont fracassées sur les rochers de l'argent facile, de l'absence de prise de risque ou de conscience artistique.
A contrario, on pourra tout de même citer des réussites fabuleuses comme "Mad Max : Fury Road" ou "Blade Runner 2049".
En 2016, Ghostbusters a été l'exemple, que dis-je, le cas d'école d'une expérience à ne pas suivre, avec un reboot/remake tellement aberrant, tellement insipide, tellement... pas drôle, qu'on aurait pu croire que SOS Fantômes était bel et bien mort.
C'était sans compter sur la famille Reitman, Jason, le fils et Ivan, le père. Ils sont allé la chercher loin, très loin dans les tréfonds de enfers, la résurrection qu'on attendait plus.
Et c'est avec surprise que l'on découvre un film bien écrit, qui respecte totalement l’œuvre d'origine mais qui lui insuffle aussi un renouveau bienvenu. Il fait figure hélas d'exception, et c'est ce qui le rend d'autant plus savoureux. On objectera que les clins d’œil nombreux ne sont pas toujours très subtils, à l'image du Twinkie dans la boite à gants (si vous n'avez jamais goûté de Twinkie je vous invite à le faire rapidement pour comprendre à quel point c'est absolument DÉGUEULASSE), mais globalement, c'est assez finement amené.
Côté scénario, étant donné qu'on part sur le même méchant que dans le premier film, il n'est pas nécessaire de refaire toute une longue présentation des enjeux, et la première moitié du film va se contenter avec brio de présenter les personnages tous géniaux, ainsi que l'héritage à proprement parler, laissé par Spengler.
Si l'écriture est excellente, la réalisation n'est pas en reste. Que ce soit la photographie et certains plans géniaux, ou plus prosaïquement les effets spéciaux, on est pas pris pour des jambons. Quel plaisir de voir de l'animatronique là où aujourd'hui la plupart des films se contentent de CGI. D'accord, uniquement pour les Terror Dogs, mais c'est déjà pas mal.
Mettre des enfants au premier plan est une excellente idée, tout d'abord parce qu'on a tous découvert Ghosbusters quand on était des gônes, et il est alors facile de s'identifier. Ensuite car on retrouve une ambiance Gremlins ou encore Goonies, ce qui joue d'autant plus sur la corde nostalgique.
Le casting des adultes est parfait, avec une mention toute spéciale pour Paul Rudd, magique dans son rôle. Et c'est sans surprise que le deus ex machina avec le trio d'origine va venir vous foutre des frissons, avec un bel hommage à Harold Ramis.
Si la friandise était succulente, j'espère toutefois que le paquet de bonbons est fini : on s'attend bien évidemment à une suite mais pitié, qu'on en reste là !