L'année 2013. A l'heure où voyaient le jour Battlefield 4, Crysis 3, Grand Theft Auto V, et autre reboot de Tomb Raider, Japan Studio sortait innocemment un titre totalement atypique et absolument rafraichissant : Puppeteer, "petit" jeu offrant la possibilité de contrôler une marionette sur une scène de théâtre. Et l'Oscar de la plus grosse paire de cojones est attribué à...
Sur le papier, l'idée a tout de suite la force d'être diablement intéressante, en plus d'être originale. Toute l'action va se dérouler sur les planches d'une scène de théâtre, alors que les décors et les personnages vont s'enchaîner à un rythme fou, dans une ambiance baroque, loufoque et éffrénée. Malgré son ton enfantin, ne vous y détrompez pas, on est là face à un véritable Pixar du jeu vidéo et les références culturelles vont fuser dans tous les sens. Alors, petits et grands, approchez, le spectacle va commencer !
Alors que le vilain Moon Bear King kidnappe des enfants chaque nuit, le jeune Kutaro semble être le seul à pouvoir se libérer de son emprise. Hélas, tout comme ses compagnons de mésaventure, sa tête a été volée par le tyran qui dirige la Lune, et il va donc devoir se contenter de porter sur ses épaules des trombines au faciès des différents objets provenant du monde qu'il va parcourir. Tête de sapin, de révolver, de bonbon, d'araignée... Ce sont en tout 100 caboches que le joueur pourra trouver et collectionner. Deux utilités à cela : tout d'abord, chaque tête peut donner accès à un stage bonus et/ou à un élément caché du décor. Ensuite, elles servent de joker à chaque fois que Kutaro est touché par un ennemi. Seule contrainte, on ne peut avoir que 3 têtes à la fois, et on ne se retrouvera guère souvent avec celle nécessaire pour débloquer un bonus. A l'aide de son ciseau magique nommé Calibrus, qui lui permet de couper et/ou de s'accrocher à certains éléments, Kutaro va donc partir à la recherche des fragments de Lune qui donnent leur pouvoir aux généraux du Moon Bear King. Assisté de Pikarina, la fille du Soleil, qui pourra activer des zones cachées du décor en arrière plan, le voilà fin prêt à partir à l'aventure.
Comme toute pièce de théâtre qui se respecte, Puppeteer est divisé en actes au nombre de 7, eux même divisés 3 en scènes. Si mes maths sont bons, ce sont donc 21 niveaux et quasiment autant de boss qui se mettront sur le chemin de Kutaro. Le gameplay est axé plate-forme, en vue de côté puisque le joueur est aussi spectateur, et donc situé face à la scène. L'objet ici n'étant pas de proposer des sauts millimétrés pour barjots de la performance, la plupart des niveaux se parcourront de manière aisée, même si certains passages demanderont un chouia de persévérance. A l'aide de Calibrus, Kutaro pourra voler au dessus des obstacles, puis, en débloquant de nouvelles capacités, sera capable de balancer des bombes, d'utiliser un grappin, ou encore d'effectuer un body slam. Ajoutons à cela des passages à dos de... (je vous laisse découvrir de quoi) l'adrénaline montera d'un cran ou deux.
Tout cela c'est bien beau, mais qu'est-ce que ça vaut ? Sans un bon level-design, les meilleures idées de gameplay ne valent pas grand chose (et vice-versa), et il se trouve qu'ici, les niveaux ont bénéficié d'un savoir faire et d'une imagination exemplaires. C'est bien simple, si on notera une légère redondance dans la manière d'aborder certains passages, le titre peut se vanter de proposer une expérience dans laquelle l'ennui n'a pas sa place. De trouvailles en bonnes idées, c'est avec un émerveillement sans cesse renouvellé que Puppeteer nous dévoile une ribambelle de situations épiques, qui feraient envie à Kratos le tueur de dieux. Mention spéciale aux boss, qui non content d'être nombreux, sont également variés !
Et la réalisation dans tout ça ? Et bien c'est un sans-fautes. Nimbé d'une ambiance à la Tim Burton, la pièce de théatre nous offre des cinématiques superbes, une narration fichtrement bien écrite et une bande son orchestrale d'un beauté enivrante. A cela s'ajoute une direction artistique inspirée comme jamais, laissant la part belle à des décors façon "carton-pâte" absolument somptueux. On notera également les interactions du public, qui va réagir aux évènements de la scène, ainsi que le narrateur qui ne se privera pas pour y aller de son verbe aiguisé pour commenter cà et là les actions de Kutaro.
Des défauts ? S'il fallait en trouver, je citerais le manque de contrôle sur les têtes que l'on possède à certains instants du jeu, ou encore, un ou deux passages lors desquels on cherche Kutaro des yeux dans un écran trop riche en détails. Mais devant le plaisir procuré par la prise en main de Puppeteer, cela fait bien pâle figure.
Rideau !