Owlboy, c'est l'histoire d'un garçon-hibou muet qui va devoir sauver le monde de la menace que représentent les pirates du ciel. Avec un scénario pareil, quoi de mieux qu'un style visuel tout droit issu de l'ère SuperNes/MegaDrive ? Et qu'un gameplay inspiré par les ténors de l'époque, j'ai nommé Metroïd et Castlevania ?
Bon, certes, on commence à en bouffer par poignées de douze, des jeux qui rendent hommage à cette -lointaine ?- époque du jeu vidéo, parfois jusqu'à l'overdose. Mais de nombreux studios ont réussi à dépoussiérer le genre sans le dénaturer. Et parmi ceux-ci, on retrouve pas mal de développeurs issus du Vieux-Continent, qui prouvent que le Japon et les USA n'ont qu'à bien se tenir. Je digresse complètement mais nous avons vu fleurir de petites merveilles comme MercurySteam (Castlevania Lord of Shadows) tout droit venu d'Espagne, les jeux Arkane (Prey, Dishonored), Dontnnod (Life is Strange, Remember Me, Vampyr...), MotionTwin (Dead Cells) bien de chez nous, la saga Witcher des Polonais de CDProjekt, les GTA développés par la perfide Albion, les Unravel venus du froid Suédois, et Owlboy ici présent, Norvégien et fier de l'être. J'en oublie des tonnes !
Je disais donc, beaucoup de jeux en 2D, pixel-art, et hybrides des plateformers/aventure cultes des années 80 et 90 qui inondent nos ludothèques et dont Owlboy fait partie. Mais arrive-t-il à créer la différence, à se distinguer ?
Tout d'abord, Otus, le protagoniste de l'aventure, peut voler. Exit donc la crainte de tomber d'une plate-forme ou d'arriver à calibrer un saut millimétré. Scénaristiquement, avoir un personnage volant a du sens, mais il faut que cela s'accorde avec le gameplay afin qu'il reste intéressant, sans quoi on ira d'un point A à un point B sans se poser de questions. Heureusement, cette capacité est utilisée à bon escient et le level-design s'articule intelligemment autour de cette mécanique. On notera toutefois quelques passages lors desquels les ailes d'Otus ne lui seront d'aucun secours, obligeant le joueur à alterner entre différentes possibilités, qui seront débloquées au fil de l'histoire, donnant accès à des zones inexplorables au début de l'aventure.
Otus est accompagné de différents personnages, qu'il porte dans ses serres, et qui lui confèrent des pouvoirs différents : fusil à longue portée, mousquet dévastateur, grappin... de quoi varier les plaisirs puisque chaque situation ou presque, peut être jouée selon les préférences du joueur.
De courts puzzles parsèment les niveaux, conférant un léger aspect réflexion au titre. Attention, on est très loin de se faire des nœuds au cerveau, et tout sera résolu de manière assez évidente.
Le bestiaire est éclectique, ne faisant pas d'Otus un être volant invincible. Même si la difficulté est là aussi très très relative, il sera toujours aisé de se sortir d'un combat qui pourrait paraître ardu de prime abord.
Afin d'alimenter un peu le jeu, les développeurs ont eu la bonne idée de parsemer les niveaux de pièces à ramasser, servant à acheter des objets dans l'unique boutique du titre. Bon, la moitié de ces objets ne sert... à rien du tout. Mais les complétionnistes seront ravis de devoir jouer les souris afin de trouver tous les passages secrets très bien cachés. Moins ravis cependant de devoir se taper une épreuve optionnelle, le Bogun's Canon Challenge, un véritable calvaire punitif et objectivement très mal foutu. L'exploration est également rendue un poil ennuyeuse par l'absence de carte du jeu. Alors certes, il n'y a que 5 ou 6 mondes différents, mais une petite carte aurait été bienvenue quand même afin de pouvoir directement retrouver la zone dans laquelle on a oublié quelques pièces.
Côté musique, c'est un sans faute ! Le début du jeu nous offre une mélodie tout droit sortie des consoles 16-bits, qui se transformera rapidement en compositions orchestrales, je n'ai pas trop compris pourquoi. Quoi qu'il en soit, absolument tous les thèmes sont magnifiques, et accompagnent parfaitement les superbes niveaux bénéficiant d'une direction artistique léchée.
L'histoire est simple mais bien écrite, le scénario est suffisamment varié pour tenir en haleine du début à la fin et les personnages sont tous attachants à leur manière.
Une grosse dizaine d'heures suffit à faire un tour complet du jeu, et l'absence de mode NewGame+ limite l'intérêt de se plonger dans un second run, qui pourrait apporter plus de challenge.
Alors, Owbloy est-il assez original pour se distinguer des mille jeux indé qui sortent chaque mois et qui ont l'air tout aussi méritants ? Malgré ses défauts, je dirais que oui, Owlboy a tout pour prendre son envol et inciter le studio qui l'a créé a voir plus loin afin de proposer une suite bien plus ambitieuse. Sans atteindre la perfection d'un Hollow Knight, ce jeu vaut largement le détour.