Enfin ! Le Tarantino nouveau est arrivé, et au contraire du Beaujolais, il a eu le temps de se bonifier, et c'est un -très- grand cru à déguster. Pour apprécier un grand vin, il faut avoir le palais développé, entraîné, préparé. On retrouve ici cette exigence, où sans le bagage culturel nécessaire, j'admets que l'on puisse passer à côté du film.
Tarantino pousse à l'extrême l'art de s'auto-citer, et on ne comptera même pas les références visuelles à ses créations précédentes tant il y en a. Sur le plan narratif également, on retrouvera du Pulp Fiction dans cette manière de lier entre elles des histoires et des personnages. Assiste-t-on pour autant à 2h45 d'arrogance et de prétention de la part du réalisateur ? Absolument pas, même s'il a beau nous mettre ses penchants fétichistes en plein dans la figure avec les pieds (sales) de différentes actrices au tout premier plan.
Beaucoup de scènes paraissent inutiles, sans intérêt, sans apport au scénario et à l'histoire du film. C'est vrai. Ces scènes pourraient être toutes prises à part et feraient de fabuleux courts-métrages. Elles savent mettre en exergue le talent des acteurs, et surtout le sens unique de la mise en scène de Tarantino qui nous surprend avec des passages surréalistes comme le duel entre Cliff (Pitt) et une icône du cinéma des années 60/70. Elles sont également le reflet d'une époque charnière dans l'histoire récente de la société américaine et ne nécessitent pas d'être liées au scénario. D'ailleurs... Y-a-t'il vraiment UN scénario ? UNE histoire ?
Le grand final nous prend complètement à rebours, mais s'inscrit complètement dans la filmographie déjantée du réalisateur. Sa manière de réécrire l'histoire avec un humour noir et salvateur après avoir fait monter la tension pendant de longues minutes est encore un coup génial.
Ce film est une ode, un hommage, une critique acerbe, un documentaire.
Alors, meilleur Tarantino ? Je n'ai pas encore le recul pour répondre à cette question. Meilleur film de 2019 ? Pour moi, oui, sans conteste.