Before the Storm emprunte la vague toujours à la mode des prequelles et nous propulse trois ans avant le retour de Max à Arcadia Bay. Cette fois-ci c'est dans les vêtements déchirés de Chloe Price que le joueur découvrira des bribes d'histoire ancienne, les démons et les merveilles de la vie mouvementée de la plus punk des étudiantes de la Blackwell Academy, Chloe Price.
C'est le studio Deck Nine Games qui reprend le flambeau à la place de DONTNOD. On sent hélas que Square-Enix ne voulait pas laisser le manque s'installer, pour avoir de la sorte donné les clés de Life is Strange à d’autres développeurs. Et c'est bien ce sentiment de produit lisse et trop vite ficelé qui ressort principalement de l'aventure.
Comme je le disais sur le commentaire du premier jeu, "le fait de pouvoir rembobiner le flux temporel constitue la colonne vertébrale du gameplay". Dans BTS, exit l'aspect fantastique, Chloe ne dispose d'aucun pouvoir et ne peut donc pas influencer les choses. Seuls les rêves de notre héroïne raccrochent les wagons de l’irréel. On se contentera donc ici d’arpenter les décors quasiment tous issus du premier volet, et de cliquer bêtement sur tout ce qui est en surbrillance, ici pour mettre des assiettes sur une table, là pour tagguer un mur, et ailleurs pour ramasser une batterie… Mon principal reproche portera donc sur l’intérêt flânant avec le zéro absolu pour tout ce qui est du gameplay. Aucune réflexion, aucun puzzle, simplement de l’exploration ramenée à sa plus simple expression où rien n’est utile au déroulement de l’histoire.
Quelques passages tirent leur épingle du jeu, à l’image de la pièce de théâtre, ou des séquences de jeu de rôle, qui imposent de faire des choix. Le reste ne permet que de suivre bêtement une ligne toute tracée. Certes, nous sommes ici bloqués par le scénario défini et établi par le premier Life is Strange, mais on sent clairement le manque d’inspiration (ou de temps?) de la part des développeurs pour proposer un jeu ludique. On notera tout de même la possibilité de lancer quelques répliques fleuries, Chloe étant un personnage très rock’n’roll.
Le scénario de BTS peine également à nous embarquer. Découvrir la graine d’où va éclore l’histoire que l’on connait permet d’afficher facilement des séquences émotion au vu de ce qu’il se passera plus tard, mais vivre le quotidien d’adolescente rebelle sans véritables enjeux en arrière plan donne l’impression de vivre un épisode interactif de Dawson. Bon, j’admets, je suis sévère là… On assiste à trois véritables fils conducteurs : la rencontre et l’amour naissant entre Chloe et Rachel, l’identité de la femme mystérieuse, et enfin le deuil de Chloe ainsi que sa confrontation avec David son beau-père. Quelques rebondissements viennent donner un regain d’intérêt au tout, comme la scène de fin du premier épisode, mais globalement on est très loin de ce que pouvaient apporter les intrigues bien écrites de LIS. Il émane donc un sentiment général de paresse de Before the Storm, qui semble vraiment tout miser sur le pathos, parfois habilement, et d’autres fois non.
Un bon point par contre au niveau de l'OST, qui comme sa grande sœur, va puiser ses références dans des morceaux de rock et de punk toujours en adéquation avec les séquences à l'écran.
L’épisode bonus en revanche, s’il n’apporte strictement rien à l’histoire, est court mais bien écrit. Vivre les dernières heures de bonheur entre Max et Chloe qui se rattrapent aux plus beaux instants de leur amitié permet de quitter BTS sur une bonne impression. Hélas ici aussi, aucune mécanique intéressante au niveau du gameplay, qui se bornera à faire déplacer trois meubles dans un ordre précis en guise de challenge.
Cette prequelle n’est donc absolument pas indispensable, un simple résumé serait suffisant pour connaître les détails passés sous silence dans Life is Strange. Victime du mal qui ronge le monde du jeu vidéo, à savoir la rentabilité avant la qualité, Before the Storm ne fait pas honneur aux fans ni à la licence.