Je crois que la dernière fois que j'ai vu "La Soupe Aux Choux", j'avais 10 ans. C'était il y a donc 26 ans et à l'époque, je riais aux éclats dès que ces bons vieux fossiles de Le Glaude et Le Bombé larguaient des caisses.
Aujourd'hui... bon j'avoue, je ris encore mais pas de la même manière. Plutôt pour l'absurdité que pour l'amour du pipi-caca. Ce film était tombé, dans mon inconscient du moins, dans la catégorie des comédies beaufisantes d'une époque aujourd'hui dépassée. Un vieux truc moisi et sans intérêt.
Et puis, je me suis dit que l'expérience serait intéressante, de revoir tout ça avec un œil neuf. Parce que malgré tout, un film avec De Funès ne peut pas être si mauvais que ça, c'est une loi universelle, cosmique.
Et franchement...
Bon c'est vraiment une œuvre étrange, surtout au départ, avec le concours de pets, qui a hissé le film tout droit dans la nébuleuse réservée aux trucs débiles à la limite du malsain genre "Mon curé chez les nudistes". Et c'est vrai que quand on pense à ce film, on pense d'abord aux pets.
Ce qui est vraiment dommage car il contient aussi et surtout une réflexion intéressante sur la mort et son acceptation.
Tout au long du film, les protagonistes parlent de la mort qui vient. Ils parlent de suicide, de leur mal être physique (Le Glaude qui perd une dent, qui est chauve...). On parle de la mort de La Francine, Le Glaude s'y recueille. Le maire dit plusieurs fois qu'il va les emmerder jusqu'à la mort. Et la fin du film peut être vue comme une allégorie de la mort, enfin acceptée pleinement et sereinement. Cette acceptation passe notamment par le second départ de La Francine, vécu comme une seconde mort pour Le Glaude finalement. D'ailleurs c'est l'une des rares fois où l'on verra De Funès pleurer... Une scène très touchante, qui se conclut seulement à la fin du film quand La Francine reçoit le mot de son (ex)-époux.
On a également le mal-être social qui intervient quand on apprend que La Francine a trompé son mari quand celui-ci était prisonnier de guerre... Et le pire c'est qu'elle l'a trompé avec le meilleur ami du Glaude ! De Funès va là aussi jouer un personnage qu'il n'a pas l'habitude de présenter : celui qui pardonne, au point d'offrir au final à son ami, 130 années de vie en bonne santé.
C'est aussi un film qui parle du fracas issu de la collision entre deux époques. Entre la France d'avant-guerre et celle des années 60-70 qui cherche l'expansion é-co-no-mi-queuh ! Le fracas générationnel aussi, avec La Francine qui ne peut et ne veut plus vivre comme une femme des années d'avant-guerre.
La musique est légendaire, elle reste encore aujourd'hui une mélodie cultissime bien que connotée. Les effets spéciaux sont ... et bien pas si mal pour un film français de 1981. Ils ont certes beaucoup BEAUCOUP vieilli, mais regardez la toute dernière séquence du film pour vous en convaincre : c'est franchement honnête.