Bac Nord, le film polémique de 2021, dont le sujet clivant ne peut même pas appeler à débattre tant les parties prenantes sont vent debout pour défendre leur paroisse. Un peu comme pour la réalisation qui alterne entre l'excellent et le mauvais.
Excellent quand il s'agit de faire monter la tension et de mettre en scène la violence omniprésente d'un monde parallèle à celui de la plupart des citoyens. Mauvais quand il s'agit de filmer des scènes d'action par contre, car la caméra à l'épaule nous transporte immédiatement dans un reportage foireux d'NRJ12 ou W9.
Les acteurs, trio principal en tête, sont géniaux. On croit en eux, on voit les flics qu'ils sont.
Concernant le sujet, il est abordé selon la vision des seuls policiers impliqués dans l'affaire, et est donc de fait, biaisé. De plus, l'histoire les victimise à outrance alors que dans la réalité, la trentaine d'agents impliqués ont tous été libérés et ont tous été réintégrés dans les effectifs de la Police Nationale.
Donc oui, la Police manque de moyens, et tout le monde sait bien que les méthodes qui ont valu à la Bac Nord de Marseille les faits qui leur sont reprochés, sont utilisées depuis longtemps et partout ailleurs. Est-ce que cela constitue une excuse ? Non.
Je ne pense pas que ce film cherche à faire réfléchir sur la bombe sociale que sont les zones oubliées de la République, et sur les solutions pour désamorcer la situation. C'est simplement un témoignage sur une réalité absurde, mené un peu bas du front.
Polisse allait bien au delà et était bien plus percutant.
Et le voici, il est tout frais le dernier Shyamalan jetable ! Adepte des films "choc" sous couvert d'histoires originales et prenantes, ce réalisateur a fait son fond de commerce de longs métrages qui tiennent en haleine lors d'un premier visionnage mais qui perdent toute saveur les fois suivantes. Alors certes j'avoue sans ciller mon péché mignon, "Signes", que je trouve formidable et que je peux revoir avec toujours autant de ferveur, mais la plupart du temps, quand on connaît le fond de l'histoire, on a plus trop envie de se replonger dans un Shyamalan.
Et "Old" ne viendra pas me contredire, car une fois le mystère levé, l'intérêt d'un revisionnage est vraiment des moindres notamment car la réalisation est foutrement bancale, au point où on a l'impression d'assister à un téléfilm. Si les jeux de caméra sont intéressants au début, avec la mise au point qui saute d'un personnage à un autre, cela devient vite un cache misère, et les nombreux plans serrés peine à masquer la pauvreté des décors. On peut aussi évoquer les incrustations dégueulasses sur fonds verts, ou bien les ellipses et acteurs qui d'un plan à un autre vont totalement changer d'expressions... Encore qu'à cela on peut trouver une excuse valable, celle du vieillissement accéléré de leurs cellules.
Quelques incohérences viennent également vous sortir de là telle une pince qui arrache une dent... Et le pire c'est qu'en expliquant une incohérence, le film se jette ensuite droit dans le mur : les poils/cheveux/ongles sont donc censés ne pas pousser car leurs cellules sont morts (facilité scénaristique) mais pourtant le Trend adolescent/adulte a bien de la barbe alors qu'il est arrivé enfant et donc imberbe sur la plage.
Le sujet du vieillissement accéléré est plutôt bien traité, et la présence de tous les stéréotypes vient ajouter une sous-lecture intéressante. Notamment avec l'Instragrammeuse qui sous son "joli" plumage renferme un "monstre" et finira comme tel. Ou encore le réalisateur du film qui s'autorise un caméo puisque son personnage filme l'intégralité du calvaire.
Le film soulève également la question de l'éthique dans le domaine de la recherche médicale : le jeu en vaut-il la chandelle ?
PS : Nicholson et Brando ont été ensemble à l'écran dans "Missouri Breaks".
Imaginez un film sur un PNJ de Grand Theft Auto. Un PNJ dont le code serait un IA capable d'apprendre à être humain(e), et qui évoluerait sans le savoir, dans la Matrice. Bon alors si techniquement tout le scénario est complètement absurde au point où la simple base du métier de développeur n'est même pas appréhendée correctement (bah oui, personne ne "code" en binaire...), et qu'on nous dépeint l'informatique selon Poudlard, et bien une fois qu'on a réussi à mettre cet aspect de côté, Free Guy a au moins le mérite d'être divertissant.
Ce qui ne l'empêche pas de frôler à plusieurs reprises la débilité crasse avec cette narration pour abrutis profonds qui fait que l'on devine tout à l'avance et que la plupart des "gags" sont du niveau de l'école élémentaire.
Scott Pilgrim Vs. The World aussi jouait à fond la carte du jeu vidéo et de l'humour, mais c'était quand même d'un tout autre niveau.
Taika Waititi est génial en méchant timbré, c'est une belle petite patate dans la bouche de l'industrie du GROS jeu triple A et ça ne fait jamais de mal.
Initialement découvert il y a tellement longtemps, je ne me souvenais plus du tout de Candyman, et à l'époque, je n'avais surtout pas du tout capté la portée sociale derrière le film d'horreur.
Une réalisation propre, une musique absolument géniale, et une plongée dans le mystère savamment distillée font de ce premier film de la franchise une vraie réussite. L'antagoniste n'est pas un simple taré, il a une vraie histoire et une motivation qui va puiser ses racines très profondément. En résulte une histoire solide et un aspect psychologique très prenant.
L'opposition clivante entre les deux Amériques, la moderne et celle du 19é sicèle, et évidemment la riche et la pauvre, ont un impact qui nous parle toujours autant presque 30 ans plus tard.
Parlons du jeu d'actrice absolument immonde de l'étudiante qu'on voit à trois reprises dans le film... C'est à la limite de l'absurde.
Presque 30 ans plus tard, la légende de Candyman refait surface, pour nous montrer que les problèmes sociaux n'ont pas évolué. L'actualité faisant foi, ce sont cette fois les violences policières qui seront le moteur principal pour une réapparition du tueur.
Beaucoup moins horrifique que son grand frère, ce nouvel opus peine à nous accrocher, car l'histoire met trop de temps et démarrer. On pourra également pointer son message un peu trop ancré dans la mouvance BLM, et donc partisan. Le message politique est à la limite de l'indigeste. Par exemple, ici l'histoire du premier film est réécrite afin que le personnage d'Helen, personnage principal blanc, soit désignée coupable des meurtres. Alors que tout tournait autour de la vengeance de Daniel Robitaille le seul et unique tueur.
Le récit de 2021 parle de vengeance, mais celle-ci est parfois aveugle et absurde : je prendrais pour exemple le massacre dans les toilettes du lycée. A quoi sert cette scène pendant laquelle des personnages tertiaires se font dessouder ?
En re-découvrant le premier opus, je me disais qu'une suite mettant en scène le bébé qu'enlève Candyman serait idéale, et c'est en toute logique qu'on retrouve donc ce personnage, intimement lié au tueur de Cabrini-Green.
Visuellement intéressant, avec des plans superbes, et parfois renversants (haha), cette suite ravira au moins les yeux, à défaut de proposer une réflexion intelligente sur les énormes problèmes raciaux aux USA.
C'est clairement inspiré de John Wick et de Taken étant donné le déluge de baffes et la montagne de cadavres. Et puis aussi avec les méchants mafieux Russes totalement tarés. Et puis aussi car l'action se passe principalement de nuit. Après... Bob Odenkirk n'est clairement pas celui qu'on attend dans le rôle du distributeur de taloches et de pruneaux saveur plomb, et cela en dit long sur les motivations d'une telle production. Et ce n'est pas notre bon vieux Christopher Lloyd en pépé surarmé qui viendra me contredire !
Donc au delà du copié/collé de la saga avec Keanu Reeves, on penche vers la parodie tant tout est exagéré et pris au second degrés. L'humour noir fait mouche et rend le personnage principal attachant.
Et maintenant... ben on attend soit le préquel, soit le sequel bien évidemment (on aura probablement les deux) !
Aux yeux du spectateur de 2021, Peeping Tom n n'est ni révolutionnaire ni précurseur, ni même choquant. Pourtant, rétrospectivement, on y retrouve énormément d'éléments qui ont été repris par la suite par d'autres cinéastes, et il suffit de le comparer avec d'autres productions de la même époque pour très vite comprendre le choc qu'il a pu produire en 1960.
Il s'agit donc du premier "slasher" à proprement parler, qui va venir mettre le spectateur à la place du personnage principal, meurtrier et cinéaste. Le spectateur devient donc aussi voyeur grâce aux nombreuses séquences filmées à la première personne, procédé qui sera réutilisé à l'infini au cinéma et même la même année par Hitchcock dans Psycho.
Si la pellicule a forcément vieilli en 60 ans, la numérisation rend hommage à une colorimétrie qui nous renvoie tout de suite à l'époque des Beatles, et on appréciera l'énorme travail effectué sur les éclairages. La mise en scène dans sa globalité est d'ailleurs aussi surprenante que géniale.
Pour aller plus loin je vous conseille l'analyse de M. Bobine sur ce film (si vous ne connaissez pas cette chaine avant vos 20 ans, vous avez raté votre vie comme dirait l'autre con).
Avec les remakes de Rob Zombie, je me suis un peu emmêlé les jambons, et j'avais zappé cet épisode qui se cale dans une espèce de multivers Michael Myers. Ce film fait donc fi de tout ce qu'il se passe après le tout premier volet, dommage car j'avais adoré le second et son ambiance extraordinaire dans l’hôpital. On part donc du postulat que le tueur a été emprisonné pendant 40 ans, fort bien.
Bon, je l'ai trouvé franchement mauvais, même si l'hommage à la Genèse reste plaisant et respecte vraiment le déroulé des évènements. Mais tout va bien trop vite, la plupart des meurtres ont lieu hors caméra et quasiment tous les personnages sont chiants au point qu'on a envie qu'ils se fassent découper sans tarder. Un slasher dans lequel je n'éprouve rien pour les victimes est pour moi un film raté.
Le retournement de veste de l'un des personnages principaux était une évidence absolue, rien n'est fait pour masquer (huhuhu) le fait qu'une obsession morbide va survenir.
La photographie est toutefois vraiment excellente, certains plans sont aussi beaux que nerveux et pleins d'horreur, et la bande son nous régale les oreilles.
La fin appelle évidemment à une suite, qui vient d'ailleurs de sortir et que je suis malgré ma déception, curieux de découvrir.
C'est une étrange suite au Halloween 2018 qui nous est proposée cette année. Etrange dans le sens où si encore une fois, les rôles de proie et de prédateur sont mélangés, le tout part dans un délire cathartique assez improbable est totalement idiot.
Je ne sais pas si la volonté du réalisateur était de critiquer l'idée de se faire justice soi-même ou bien s'il cherchait juste un prétexte pour nous offrir une grosse boucherie en peu de temps, toujours est-il que "les villageois en colère, armés de fourches" font une belle bande de guignols et offrent des séquence totalement hors sujet.
Remarque, cela pourrait peut-être indiquer pourquoi, sur la très brève séquence de la morgue, sur l'étiquette accrochée au pied du psychiatre de l'épisode précédent, le lieu de trépas indiqué est Izmir, une ville en Turquie (alors qu'il est mort à Haddonfield deux heures plus tôt hein). Boulette ou easter-egg ? Un peu des deux car l'acteur qui joue le psychiatre, Haluk Bilginer, est né à Izmir en Turquie. Il suffisait de changer "Place of death" par "Place of birth" sur l'étiquette.
La réécriture du tout premier opus de 1979 est ici expliquée à travers un flashback que j'ai trouvé particulièrement bien fait, surtout au niveau du maquillage d'un des personnages : j'y ai franchement cru à 100% !
Au risque d'ôter du mystère autour du personnage de Michael, nous avons aussi droit à une brève explication sur ce qui le rend aussi fort, gravant dans le marbre l'aspect fantastique du monstre si tant est que cela fut encore nécessaire.
Cette fois, hormis lors des séquences de massacre tout azimut d'anonymes, les personnages tués sont beaucoup plus attachants, et leur débilité profonde et probablement congénitale ne ternit pas trop leur portrait.
Encore un petit effort, peut-être que le troisième volet de cette trilogie remontera encore la pente !
Mon problème avec Ad Astra c'est que je ne comprends pas où il veut nous emmener.
De nombreuses thématiques sont abordées, mais sans fond pour nous donner une piste de réflexion, et au final nous sommes spectateurs d'un monde sur lequel nous n'avons que trop peu d'informations.
Par exemple, Roy McBride interprété par Brad Pitt, semble être atteint d'autisme : il ne veut pas qu'on le touche, il est déconnecté émotionnellement. Fort bien. Mais ceci n'apporte rien à l'histoire. Autre exemple, des pirates sélénites sillonnent notre bon vieux satellite afin de piller les deux ou trois pèlerins qui vont oser se balader à la surface d'un environnement hostile. Mais qui sont-ils ? On en saura jamais rien. Qu'apporte leur attaque au scénario ? Rien du tout. Il en va de même avec la séquence de sauvetage dans la navette Norvégienne qui semble juste être une excuse pour apporter un peu d'action. Le Colonel Pruitt, interprété par Donald Sutherland, est typiquement le personnage duquel on attend un rebondissement scénaristique mais il ne fait que de la figuration. Et enfin, Clifford McBride, Tommy Lee Jones (non ce n'est pas la suite de Space Cowboys !) sensé être l'antagoniste, est lui aussi réduit à un simple rôle de pot de fleur. Je n'aborderai même pas le cas de Liv Tyler.
Alors oui je suis violent dans mes propos, et objectivement il faut reconnaître à l'écriture sa volonté de nous narrer un récit psychologique, une sorte de voyage intérieur dans le grand extérieur cosmique. Mais ce n'est pas avec ses nombreux monologues en voix-off que le film parvient à convaincre ou à faire passer un message, hormis le nihilisme et la misanthropie ambiants.
À cela s'ajoute cette volonté de mettre du divin à toutes les sauces et cela m'a particulièrement titillé, surtout dans un film qui met en scène des personnages censés être des scientifiques et des esprits éclairés, pas des mecs qui vont aller chercher Dieu aux confins du système Solaire !
Reste toutefois la réussite visuelle tant sur le plan artistique que technique. Et ce n'est pas tous les jours qu'on nous offre de si belles images de Neptune !