Ze Batman. LE Batman ? Vraiment ? Des visions de Batman il y en a eu des dizaines depuis la création du personnage. Tellement qu'on pourrait y voir un sujet souffrant de trouble dissociatif de l'identité. Mais alors, cette version de Matt Reeves est-elle THE Batman, le seul-le vrai, l'ultime Chevalier Noir, qui doit effacer les autres ?
Avec son Bruce Wayne torturé comme jamais, on retrouve une note de Frank Miller même si le sien était plus vieux et moins idéaliste. Avec sa Gotham City sale et sombre on a des notes de Tim Burton, mais surtout des effluves des excellents jeux de la saga Arkham, développés par Rocksteady. On retrouve ENFIN le côté détective mis à égalité avec l'aspect combattant, et ça fait du bien. On est heureusement à des années lumières de la version de Christopher Nolan et rien que pour ça j'aurais envie de dire que c'est un chef d'oeuvre.
Mais bon, faut pas déconner.
Si The Batman est globalement un bon film, c'est surtout trois heures d'ambiance. Portées par un parti pris visuel assez osé, à la fois sombre et flou, et avec un superbe travail sur les éclairages, donnant lieu à des plans somptueux.
Côté scénario, c'est pas si mal. Avec The Riddler en antagoniste c'est l'excuse idéale pour avoir un jeu de piste intéressant dont les mystères se dévoilent façon Se7en. Et puis, la thématique du film, la vengeance, est un bon axe pour la construction du personnage de Batman.
J'ai aussi aimé le fait qu'on évolue dans un univers où Batman est déjà là depuis un certain temps, donc pas besoin d'une origin story débile.
La musique est parfaite, notamment le thème du héros, qui avec deux notes seulement arrive à tout dire (à ce sujet, le thème créé par Zimmer sur les films de Nolan était lui aussi composé de deux notes seulement et était grandiose).
Mais diluer autant de bons points sur trois heures, ça donne un résultat trop fade, et donc un film globalement plat. Ce qui est dommage c'est que certains personnages secondaires sont beaucoup trop creux, comme Gordon ou Alfred, ou même Selina Kyle. Ils ont le mérite d'être là mais c'est tout.
The Batman est objectivement un bon film, pas trop prétentieux, mais très ambitieux visuellement. L'ambiance est excellente et le scénario intéressant, mais il faut qu'Hollywood arrête de nous pondre des films fleuves à tout bout de champ et surtout quand rien ne vient justifier trois heures de métrage.
Les jeux "Uncharted", à l'instar de ceux de la saga "Metal Gear Solid" ont toujours eu pour vocation d'établir une passerelle entre le cinéma et le jeu vidéo. Avec sa mise en scène façon film d'aventures survitaminé, ses cinématiques à couper le souffle, ses scènes d'action grandioses, son humour, et son scénario manichéen, c'est du grand spectacle pleinement assumé. Et si on met de côté l'aspect génocidaire décomplexé du héros qui tue des centaines de mercenaires sans broncher, c'est carrément familial et jovial.
Bref, tout ça pour dire qu'à mon sens, faire d'Uncharted un film est une idée à la fois aussi idiote que logique. Idiote car le medium de base se veut hybride, donc passer sur une version 100% cinéma c'est faire un pas en arrière. Logique car Uncharted, c'est du cinéma ou du moins ça s'en inspire très fortement.
Mais mettons de côté mes réflexions subtiles, car on me dit dans l'oreillette que "pognon, flouz, moullah, oseille, biftons" bref le ruissellement frérot, c'est ça qui compte en fin de compte en banque. Et nous voilà donc partis pour deux heures de "grand" spectacle. Enfin de spectacle.
On commence par pisser sur la continuité scénaristique en modifiant allègrement l'histoire établie, en ce qui concerne la manière dont se rencontrent Nathan et Sully, ou encore Nathan et Chloe. Il en va de même pour Sam, le grand frère de Nathan. Loin de moi l'envie de faire mon puriste mais, quel intérêt de réécrire totalement des trucs pourtant logiques et cohérents ?
Cela étant dit, il faut bien l'avouer, on se retrouve vite en terrain connu. La chasse au trésor en mode course contre un antagoniste plein aux as, les trahisons, les cambriolages, les îles paradisiaques, et de l'action effrénée. Il est juste dommage que tout cela soit mis en scène par un sagouin.
Prenez la scène où Sully présente Chloe à Nathan à Barcelone. D'un plan à l'autre, la focale change, et du coup, les visages n'ont pas la même forme (en changeant de focale on a plus ou moins l'impression que l'image est écrasée ou au contraire allongée). Certes ce n'est pas flagrant mais c'est quand même dégueulasse.
Prenez ensuite le méchant, qui n'est certes jamais gage d'une écriture profonde dans les jeux, mais qui ici est carrément nul. Pauvre Antonio Banderas, dans la peau d'un vilain monsieur qui a autant d'intérêt qu'un mob lambda.
Prenez enfin la surenchère d'action débile qui tombe d'on ne sait où à partir du 2é tiers du métrage. Si la séquence avec l'avion dans Uncharted 3 représente le summum en matière de trucs dingues sur toute la franchise, disons qu'ici, le rendu est juste mauvais. D'un part car on ne voit que les effets spéciaux numériques, d'autre part car là où le plan-séquence du jeu nous mettait au cœur de l'action, on est ici accablés par le manque cruel d'imagination et d'enchaînement d'évènements improbables.
Là où on peut excuser sans peine l'incongruité d'un jeu vidéo, on ne peut pas se reposer sans cesse sur la suspension consentie d'incrédulité dans un film, surtout quand la réalisation est aussi chiante et paresseuse.
Mais malgré tout, la recette, bien que manquant de piquant, fonctionne assez bien pour divertir. Tom Holland campe un Nathan Drake qui lorgne parfois BEAUCOUP TROP du côté de son insupportable Peter Parker/Spider-Man insupportable du MCU, mais Mark Whalberg est convainquant en Sully. J'ai juste pas compris pourquoi il n'était pas moustachu et collé à ses cigares dès le début, mais fallait bien ça pour que la seule vraie bonne scène du film fonctionne : la post-générique désormais quasiment obligatoire.
On notera aussi les clins d’œil pas trop ostentatoires, comme le logo NaughyDog dans la valise de Nathan, ou bien l'apparition de Nolan North, voix et motion-capture du Nathan Drake sur Playstation. Enfin, l'utilisation (bien trop timide à mon goût) de la musique originelle est un atout majeur qui aurait du être utilisé à foison.
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