N'y allons pas par quatre chemins, Dune est le film de science-fiction qu'on attendait depuis des années, et le résultat est à la hauteur des espérances les plus folles. Ce qui n'est pas peu dire, puisque plus les attentes sont hautes plus vertigineuse est la déception en général, mais Denis Villeneuve et son équipe ont réussi un coup de maître, -et si la comparaison est à la mode en ce moment ce n'est probablement pas pour rien- un exploit inégalé depuis le Seigneur des Anneaux de Peter Jackson.
Visuellement tout d'abord, avec ce rendu à la fois épuré et complexe, propre à la vision d'un réalisateur qui a su imposer son style qui dénote radicalement de tous les films à gros budget d'Hollywood. Les tons gothiques et sombres de Caladan s'opposent à merveille aux lumières aveuglantes d'Arrakis.Le gigantisme discret des décors et des vaisseaux vient écraser des personnages réduits à des grains de sables, probablement pour annoncer leur insignifiance par rapport à ce qui se trame dans un univers aux portes d'une révolution. Ces mêmes personnages sont pour autant magistralement mis en valeur par la caméra, tout particulièrement Paul Atreides, qui surpasse sa carrure chétive pour apparaître comme le futur géant qu'il est appelé à devenir.
L'histoire de Dune est très complète, Frank Herbert n'a pratiquement pas laissé de place aux suppositions et a écrit un cycle aussi dantesque que dense. Dans la version de Lynch, beaucoup d'ellipses et de changements venaient simplifier le récit, mais ici, la narration repose sur une fidélité assez folle par rapport au roman, et... c'est tellement bien fait qu'il n'y a aucune lourdeur, aucun temps mort. La mise en scène et le rythme imposés sont magistralement articulés autour d'une OST qui s'adapte à merveille au style Villeneuve : simple et marquant à la fois.
Alors certes j'ai toujours une préférence pour la musique de Toto sur le film de 1984 que je trouve tellement puissante que même Hans Zimmer n'a pas réussi à la détrôner. Quand bien même, ce fut un régal de rester jusqu'à la fin du générique pour profiter jusqu'à la dernière note d'une bande-son qui s'émancipe ENFIN des cornes de brume, si chères à ce bon vieux Hans depuis des années.
J'aurais aimé voir davantage les Harkonnen, leur planète Geidi Prime ou même le Baron. Aussi malsains soient-ils. L'Empire reste le grand absent de cette première partie. A contrario, Chani est omniprésente, à croire qu'il fallait mettre Zendaia à l'écran le plus possible, et c'en devient presque lassant au bout d'un moment surtout que ses scènes de flashforward ressemblent à des pubs pour du parfum. J'avoue que sur ce point, je suis plus que dubitatif.
Après avoir lu deux fois le premier tome mais jamais la suite, je n'ai qu'une envie : relire une troisième fois Dune et attaquer Le Messie de Dune.