"Dragonne Bo-olle Zèdeu-zèdeu-zèdeu, le gen-til San Gohan" ! A la simple évocation de ces paroles, un flot nostalgique m'immerge immédiatement dans un torrent de souvenirs, tout droit issus d'une époque où les mercredis rimaient avec "Club Dorothée" et plus particulièrement avec le dernier épisode de Dragon Ball Z. Cette saga m'a accompagné de la maternelle au début du collège, et si j'étais trop jeune pour comprendre toutes les subtilités (métaphores sexuelles comprises) de Dragon Ball, j'avais atteint mon maximum de maturité lorsque à mes 7 ans en CP, San Goku se transformait pour la première fois en "Guerrier Millénaire" et mettait une derrouillée à Freezer. Un duel qui me semble avoir duré une éternité.
Ne possédant pas l'intégrale des mangas papier, je n'ai pas le loisir de me replonger dans l'oeuvre culte d'Akira Toriyama quand la nature m'appelle à soulager mes boyaux (celle là elle est pour toi Franz26, frérot où que tu sois, en train de filmer Gon17 qui titille les Giwan Balls, dans un couvent avec ton chat, ou bien à la Fistinière avec ton chat), et malgré un retour rapide et inachevé sur DB:Kai (il y a plus de dix ans !), je n'avais donc pas vraiment remis les pieds dans cet univers depuis fort longtemps.
Alors l'annonce d'un jeu développé par Cyberconnect2, plutôt expert dans le domaine des jeux vidéos issus de mangas (Naruto, .Hack) consitutuait à mes yeux une opportunité en or pour revivre une saga chère à mon âme d'enfant.
"Dragon Ball : Kakarot" est donc un action-RPG qui reprend la trame scénaristique de DBZ, à savoir de l'arrivée des Sayajins sur Terre, jusqu'à la défaite de Majin Buu. Un très vaste programme pour dire le moins ! Pourquoi le suffixe "Kakarot" par contre ? L'histoire suit certes de très près l'évolution de Son Goku, mais pas que... Et le jeu propose d'ailleurs de contrôler plusieurs Z-Warriors, de Gohan à Piccolo en passant par Bejita, Trunks ou Goten. L'idée était peut-être d'illustrer la volonté de revenir aux sources et de prouver la volonté d'être fidèles au matériau originel.
Et cette fidélité, croyez-moi, on la ressent. Hormis certains passages mis de côté, comme Bejita qui hallucine devant la puissance de Gohan au début de l'arc Sayajin, ou les tentatives infructueuses de fusion de Trunks et Goten, ou encore l'absence totale de sang, on retrouvera l'essence de la série animée, elle même copiée/collée du manga papier. Certains plans de la série sont même repris à l'identique, et au niveau sonore on retrouvera les mêmes effets qu'à l'époque, pour le plus grand bonheur de nos oreilles. La musique cependant reçoit un traitement inégal : certaines ont été reprises telles qu'elles, d'autres ont été remixées, et enfin, quelques pistes sont totalement inédites.
On se retrouve donc à contrôler les personnages principaux dans l'univers de DBZ, dans un monde en 3D qui aurait mérité d'être ouvert mais qui se retrouve hélas divisé en zones. L'immersion est totale, on retrouve les mêmes sensations qu'à l'époque, mais en pouvant évoluer et jouer dans le fabuleux environnement que l'on connait si bien. Un peu à la manière du cultissime "The Simpsons : Hit & Run" c'est avec plaisir que l'on revisite des lieux clés de la saga.
Visuellement, c'est une réussite. D'une part car la direction artisitque reprend à la lettre ce qui avait été défini par le manga et l'animé, c'est à dire un monde aux décors relativement simples, mais aussi car c'est techniquement très joli. Les décors, les effets de lumière, l'animation des personnages, tout est très soigné.
Le système de jeu quant à lui est réduit à une très simple expression ludique. S'il reste toujours super agréable à jouer, voler dans les environnements, défoncer une partie du décor (juste certains rochers) et combattre, disons que l'on se retrouve vite à tourner en rond car on fera vite le tour des possibilités. Essayons de résumer tout cela.
Tout d'abord, l'exploration n'est pas un point fort du jeu. En effet, il n'y a pas de zones spéciales à découvrir à force de fouiller de fond en comble, tout est indiqué sur le radar dès qu'on arrive quelque part. On retrouvera donc, quelles que soient les zones visitées, des mines de matériaux dans lesquelles on pourra récupérer du métal à revendre, des animaux et des zones de pêche pour préparer de bons petits plats, des fruits et plantes à ramasser (en volant, ce qui est pratique), des zones de commerce, des ennemis, et enfin des Z-Orbs et des D-Medals à utiliser pour acheter des améliorations sur l'arbre de compétence. A noter également les feux de camp utiles pour restaurer tous les HP et les points de Ki. L'avantage c'est que chaque zone permet donc de faire absolument tout ce que le jeu propose ludiquement parlant, c'est à dire engranger des ressources, et amasser de l'expérience en combattant.
Car oui, qui dit DBZ dit "BASTON" et à ce niveau là, on est servis ! Les ennemis sont disséminés aléatoirement sur la carte, et pour déclencher un combat il suffit de s'en approcher. Leur niveau augmentera au fur et à mesure de l'histoire, ce qui fait que vous aurez toujours au moins le même niveau que la chair à canon qui se dressera sur votre chemin, et autant dire que vous dépasserez bien vite de dix niveaux quiconque vous cherchera des noises. Les combats sont fluides et dynamiques : un bouton pour frapper, un pour lancer de petites boules de Ki, un pour esquiver, un pour se protéger et un pour recharger son Ki qui se décharge à l'utilisation des pouvoirs ou des transformations. Un appui sur L1 passe le combat au ralenti, et ouvre le menu des compétences pour sélectionner un pouvoir (Kaméhaméha, Masenko, Big Bang...), L2 permet de sélectionner une attaque quand on coéquipier se joint à la bagarre, et enfin, L2+R2 ouvre le menu des tranformations (Kaioken, Super Sayajin 1, 2 et 3). A noter qu'il est également possible de gagner les combats directement en fonçant sur les ennemis en super vitesse, à la condition que ces derniers aient au moins un niveau de moins que le personnage que vous jouez : hyper pratique pour grinder comme un fada ! En fin de jeu par exemple, je gagnais 40k XP toutes les 5 à 6 secondes en tournant en rond et en fonçant dans de pauvres mobs en boucle. Les combats font gagner de l'expérience et des Z-Orbs au point où on se rend vite compte qu'il est inutile de ramasser celles qui sont sur la map, et on se demande pourquoi les développeurs les ont laissées... à mon avis, uniquement pour remplir un peu un monde un peu vide. On pourra évoquer le manque de variété chez les ennemis d'ailleurs. On retrouvera les mêmes personnages dans toutes les zones de la carte (gardes de Frieza, robots du Red-Ribbon, et gardes de Babidi).
A noter, l'apparition d'ennemis spéciaux, oréolés de rouge, beaucoup plus puissants que les péons de base. Ce sont en général des boss vaincus que l'on peut combattre une nouvelle fois, pour un gain d'XP. Et enfin, on peut s'adonner aux combats d'entraînements mentaux, que l'on peut déclencher via des zones dédiées sur la carte, et qui permettent de débloquer des compétences, mais ne rapportent aucune expérience. Pendant ces combats, on se retrouve face à 3 Z-Warriors chauds comme la braise.
Les combats contre les boss sont nombreux et hormis les attaques spéciales qu'ils peuvent déclencher, notamment à zone d'effet, on ne trouvera pas vraiment de différences notables avec les combats normaux. Cela dit, ces combats scénarisés sont dantesques, et il est absolument génial de se mesurer à Frieza, Cell ou Buu sans parler de toute la galerie d'antagonistes de folie qu'il faudra occire avant d'arriver aux boss de chaque arc.
Le scénario qui ne réinvente rien et se contente de suivre un fil rouge, reste donc toujours aussi simple et accrocheur, même si, on se rend vite compte que chaque arc est une redite du précédent, avec une intro via de nouveaux méchants qui annoncent l'arrivée d'un super vilain, et des héros qui vont chercher à se surpasser pour les vaincre. Bon à la base c'est du Shonen donc pas vraiment du gros scénario fouillé, et je pense donc qu'il serait superflu d'aller critiquer DBZ sur un terrain qui ne le concerne pas, mais cela étant dit, je trouve que Dragon Ball était bien plus intéressant scénaristiquement parlant. On fait donc avancer l'histoire en allant d'un point A à un point B puis en lançant des dialogues, des entrainements ou bien des combats, on rince et on recommence.
Afin de rendre le tout plus copieux, de nombreux éléments ont été implémentés.
On peut évoquer l'aspect communauté, via un menu dédié comportant des plateaux sur lesquels on pourra placer des personnages de l'univers Dragon Ball selon diverses compétences : développement, combat, sens de l'aventure, cuisine, "contenu adulte"... et sur chaque plateau on pourra créer des liens spécifiques entre certains personnages (Goku/Gohan/Goten pour créer un lien père/fils) permettant d'améliorer le niveau du plateau. Chaque plateau va apporter un bonus ingame, que ce soit pour la récolte de denrées, la vente d'objets, ou les combats. En toute honnêteté, cela n'affecte pas vraiment la partie, et on peut aisément laisser cet aspect de côté tant ses effets sont minimes.
De mini-jeux sont de la partie, comme des courses de voiture, plutôt sympa à ceci près qu'il faut contrôler la caméra en même temps que le volant... ou des courses à bord de robots bipèdes tout bonnement atroces. Ces éléments sont là pour faire du remplissage et n'ont clairement pas été pensés jusqu'au bout.
Enormément de quêtes annexes vont venir parsemer l'aventure. Si leur intérêt ludique est lui aussi vraiment ramené à son plus simple appareil (aller chercher des ressources ou casser des bouches), il apportera cependant de la profondeur à l'univers. On apprendra par exemple pourquoi C18 a ce physique. On pourra aussi replonger dans Dragon Ball avec de petites histoires concernant Pilaf ou l'androïde C8. Mais dans la plupart des cas, tout cela ne sera que prétexte à déclencher des combats. Par exemple, sur une quête annexe, Puerh le petit chat volant de Yamucha, se fait passer pour ce dernier afin de draguer des filles. Cela ne manquera pas de déboucher sur un festival de marrons.
Par contre, le fait que le monde soit divisé en zones rend lourdingue chaque passage d'un lieu à un autre. En effet, que ce soit pour les quêtes annexes ou principales, on sera amenés à voyager un peu partout, et étant donné les temps de chargement, nombreux, on a parfois envie de rager quand on doit simplement aller pécher un poisson pour passer à l'étape suivante.
Je le disais plus haut, "Dragon Ball : Kakarot" est fidèle au matériau de base. On retrouve tous les éléments qui ont fait de DBZ un succès, et c'est en somme une manière comme une autre de revivre toute l'épopée que de terminer le jeu. On sent que les développeurs ont mis leur amour de la saga dans leur création : la localisation est au choix en Japonais ou en Anglais et la première est absolument parfaite (vous l'aurez deviné, en bon stakhanoviste de la VO j'ai joué en Jap' !), on retrouve une grande partie des doubleurs d'origine qui donnent tout pour rendre vivants leurs alter-egos de pixels. Les cinématiques respectent, que dis-je embellissent, des dessins déjà épiques, et leur donnent un coup de jeune bienvenu. Et ingame, l'ambiance est bel et bien là : on croit à ce que l'on voit, l'immersion est présente de bout en bout.
Maintenant, outre l'aspect animé-interactif, il faut bien l'avouer, il n'y a que peu d'intérêt à faire "DBZ : Kakarot . Il est très facile, n'a pas de level design à proprement parler (on ne fait presque que survoler des zones du monde), et ne propose aucune mécanique originale. Mais il a le mérite de rendre jouable toute une saga comme si on y était.