Night City. La Sodome et Gomorrhe du XXIè siècle. Paradis des corpo-rat-ions les plus infâmes, des gangs sanguinaires, mais aussi de millions d'anonymes, prisonniers et esclaves d'un système injuste qui favorise les puissants. Mélange de cultures, d'envies, de rêves, mais aussi gouffre du consumérisme et de la décadence, cette ville est une pieuvre aux mille tentacules. Moi, je suis un Nomad et j'ai eu la chance de grandir loin de ce cerle des Enfers. Mais ma vie n'a jamais été un long fleuve tranquille, rythmée par les raids dans les Badlands, les privations et la rudesse d'une vie sans attaches. Pour survivre, j'ai appris les valeurs que sont la fraternité et l'importance de rester soudés. Mais j'ai été forcé de quitter mon clan, les Bakkers, devenus les sous-fifres d'un autre clan aux valeurs qui ne sont pas les miennes. C'est ainsi que je suis devenu un mercenaire à la petite semaine, et qu'à l'occasion d'une énième livraison d'un colis suspect, ma vie a changé.
Mon nom est V. Et ceci est mon histoire. Ce n'est pas une belle histoire, je vous préviens, mais il faut que je couche ces mots sur ce Datashard. Peut-être qu'un autre mercenaire le trouvera et le lira au détour d'une mission, ainsi ce qu'il reste de mon existence ne tombera pas dans l'oubli.
J'en avais assez de ces petits boulots sans lendemain et sans ambition. Je visais gros, et qui vise gros, vise Night City. J'ai accepté de livrer un colis pour une huile de Night City. Moi qui cherchais un prétexte... Je devais retrouver mon contact en dehors de la ville. C'est là que j'ai rencontré celui qui deviendra mon ami, Jackie Welles. Aux abords de Night City, nous avons été arrêtés par une patrouille d'Arasaka, l'une des pires megacorporations au monde. Sentant le coup fourré, on décide alors de forcer le passage. C'est ainsi que nous sommes arrivés en ville, dans la fureur des étincelles et la chaleur du sang.
Pendant environ 6 mois, Jackie et moi avons enchaîné assez de petits boulots pour que je puisse me louer un appartement à Watson, pas le meilleur quartier de la ville, loin s'en faut, mais idéalement situé pour commencer à se faire une renommée. Cela m'a donné le temps de me familiariser avec ma nouvelle interface. J'ai accès à mon inventaire depuis lequel je peux choisir quels vêtements et quelles armes équiper. Tout est personnalisable, je peux à l'envi modder mes pétoires (silencieux, lunette de visée, etc...), crafter des améliorations ou de nouveaux objets, et installer de nombreux Quickhacks. Ces derniers me permettent de pirater tous les objets connectés : télévisions, projecteurs, machines à café, portes... Idéal pour créer des diversions. Mais là où cela devient intéressant, c'est que je peux aussi pirater mes ennemis. Dans un monde où tout le monde est cyber-amélioré, celui qui peut faire surchauffer les implants bioniques devient invicible. J'ai même pu m'acheter un Quickhack pour faire détonner à distance les grenades, ou encore pour faire se suicider les gonzes qui se mettaient sur mon chemin.
En parlant d'implants, je plaide coupable à 101% car j'en suis farci de la tête aux pieds. Cela fait de moi une sorte de surhumain. Chaque implant doit être installé par un Ripperdoc, trouvable un peu partout à Night City. Si certains "cabinets" sont des petites chambres des horreurs, ils permettent toutefois de se faire installer des améliorations réservées aux para-militaires.
Je peux aussi gagner de l'expérience afin d'attribuer des points sur l'arbre des Attributs, divisés entre les compétences Techniques (utilisation d'armes de haute technologie, bypass de sécurités), Intelligence (piratage informatique, utilisation de Quickhacks), Cool (assassinat, discrétion), Corporelles (force, utilisation d'armes lourdes), Réflexes (armes légères et lames).
C'est peut-être grâce à mes implants occulaires, mais je n'ai jamais vu un monde aussi beau, vivant et crédible que celui qui a été le mien pendant cette période de ma vie. Combien de fois me suis-je juste promené dans les rues de Night City ? Par temps de pluie, c'est un régal d'écouter les bruits et de regarder les gens déambuler sous leurs parapluies multicolores. La ville me rappelle un vieux film du XXè siècle, Blade Runner. Avec son ambiance sonore et visuelle, qui change selon chaque quartier, je peux vous assurer que les promenades urbaines valent le détour. Un autre exemple ? J'ai même adoré prendre le métro pour me déplacer. Trouver une station, regarder le plan, et déterminer quelle ligne prendre. Et une fois dans la rame, regarder le monde défiler sous mes yeux. Si l'intérêt ludique d'entrer dans les bars, les restaurants et les boutiques est assez discutable, disons que cela permet de s'immerger d'autant plus et parfois... de vivre des moments assez dingues, comme ce jour où je suis entré par hasard dans une boutique de luxe, où j'ai fait la connaissance du patron, un type sympa en apparences mais un vrai pourri en réalité. Bref j'ai été pris dans ce qui peut s'apparenter à l'acte de démission le plus tranchant qui soit alors que j'étais juste venu faire du lèche-vitrine !
La vaste majorité de mes déplacements se faisaient en voiture. De véritables tombeaux roulants, qui glissent au moindre virage, dont les freins sont quasiment inutiles... Ouais, la conduite m'a demandé un certain temps d'adaptation et n'est clairement pas le point fort de mon aventure. Pourtant, je me suis attelé à la fastidieuse et coûteuse tâche d'acheter le plus de véhicules possibles auprès de Muamar "El Capitan" Reyes, l'un des principaux fixers de la ville.
Et des fixers, j'en ai côtoyé un certain nombre, afin de me faire un nom, et que l'on me propose des jobs qui rapportent gros. Si ma première mission a été de transporter chez un Ripperdoc un pauvre type dont l'implant prenait feu spontanément (petite précision, son implant était situé entre ses jambes), j'ai rapidement gravi les échelons et les fixers ont commencé à entendre parler de V. Jusqu'à ce que Dexter DeShawn, le plus important fixer, nous propose de travailler pour lui. Jackie et moi étions enfin parvenus aux portes de notre objectif. Prêts à devenir des légendes en réussissant les exploits qui marqueraient l'histoire de Night City.
Sauf que rien ne s'est passé comme prévu. Ce qui devait être le coup du siècle s'est transformé en fiasco monumental et je me suis retrouvé embourbé dans une intrigue qui dépassait largement mon existence. Au sens propre, puisque j'ai signé mon arrêt de mort. Ne me demandez pas pourquoi ni comment mais à court de solution, j'ai du m'implanter une puce expérimentale, contenant rien de moins que le fantôme numérique de Johnny Silverhand. Star du rock disparue il y a 50 ans, il est impliqué dans l'attentat le plus fou contre Arasaka, présumé mort depuis tout ce temps. Et voilà que cet espèce de gros taré fait maintenant non seulement partie de moi, mais que le programme contenu sur la puce est en train de me tuer à petit feu afin que Johnny prenne possession de mon corps.
J'ai déjà vécu des réveils difficiles, mais rien n'égalera le moment où Vik, mon ami Ripperdoc, m'a annoncé qu'il ne me restait que quelques mois à vivre avant que mon ADN ne soit trop altéré et me considère comme un parasite. J'allais devenir une légende, mais pas vraiment comme je l'entendais. Il me fallait donc trouver le moyen de sauver ma propre vie. Mais je ne suis qu'un anonyme au milieu d'une mégapole de 7 millions d'habitants, et trouver une solution n'allait pas s'avérer une tâche aisée.
Ironiquement, mon histoire n'est qu'une anecdote comparée à tout ce que j'ai pu faire dans les mois qui ont suivi. J'ai aidé des journalistes à mettre au jour des histoires sordides impliquant les Corpos, les flics pourris, les gangs. J'ai enquêté sur un tueur en série, j'ai empêché un complot politique, sorti du gouffre les anciens membres du groupe de Johnny, aidé une amie hackeuse à trouver un sens à sa vie, permis à un distributeur automatique de s'éteindre sereinement, été embarqué dans la plus grosse mission d'espionnage des temps modernes... Je ne ferais pas ici la liste complète de ces histoires, mais sachez une chose : elles m'ont marqué au fer rouge, et sont l'âme pure et dure de Night City. Elles mériteraient toutes un petit roman tant elles sont incroyables et prenantes.
Je n'ai peut-être pas eu l'opportunité de faire des choix qui auraient pu largement modifier le cours de mon histoire, mais les répercussions de certaines décisions ont souvent eu un impact sur les gens qui ont croisé mon périple. Mais surtout, j'ai du début à la fin eu le choix des armes pour réaliser mes différents exploits. Trouver une entrée cachée, menacer un gardien, subtiliser une information ou une carte d'accès, pirater un terminal, voler des informations... le choix est vaste. D'autant que si j'ai largement préféré tuer le moins de monde possible et rester discret comme une ombre, il reste l'option de tirer dans le tas.
Comme beaucoup, j'ai lu les expériences négatives de celles et ceux qui étaient arrivées à Night City quelques années avant moi et qui se plaignaient à juste titre d'énormes problèmes techniques venant carrément empêcher toute progression. Je peux heureusement témoigner du fait qu'aujourd'hui, cela fait partie du passé et que les défauts ont été pour la plupart corrigés.
Avant de conclure mon récit, je dois dire que j'ai le coeur lourd. Quitter cette ville, c'est laisser derrière moi d'innombrables heures (132 en réalité) passées en immersion totale. C'est l'heure du choix final, celui qui va déterminer ce qu'il adviendra de mon existence. Et quel qu'il soit, je veux que tu saches, toi qui lis ce Datashard trouvé dans une ruelle sombre et emplie de vapeur ou bien sur le coin de table de l'Afterlife, ou dans les Badlands, que ces heures ont été un pur régal, une expérience hors-normes, gravée à jamais dans mes circuits. J'espère que tu sauras prendre le temps qu'il faudra pour vivre pleinement ton passage ici, à Night City.