Pur produit néo-rétro, Blood Machines, réalisé par le collectif Seth Ickerman qui regroupe Raphaël Hernandez et Savitri Joly-Gonfard, est un projet porté par un crowfunding lancé en 2016.
Et étant donné le résultat, on comprend bien vite qu'aucune maison de production "mainstream" n'aurait accepté d'accoler son logo à ce film qui a plutôt des airs de clip, d'ailleurs.
Les bandes-annonces, portées par la bande-son géniale de Carpenter Brut, promettaient une expérience visuelle dingue, et force est de constater que sur ce point là, on est gâtés. C'est sublime et assez unique en son genre. Décors, costumes, accessoires, puis effets spéciaux, tout ici est absolument incroyable et visionnaire. Très coloré façon néon, et bien évidement inspiré des séries Z des années 80, on pousse ici encore plus loin l'hommage qu'avait pu rendre Kung Fury à la patte visuelle qui a bercé l'époque des VHS. Côté sonore, là aussi on ne se sent pas volés, l'électro sauce synthwave nous emporte dans ses envolées lyriques puissantes et on en redemande.
Reste toutefois un écueil de taille qui vient ternir ce beau tableau : la narration. Le scénario est réduit à un sous-prétexte et si on a au début l'impression d'assister à un film féministe, alors disons que le défilé de magnifiques femmes nues qui vont avoir la part belle à l'écran, n'est pas là pour appuyer ce message bien au contraire et s'apparentera parfois à du voyeurisme sans subtilité, et bien beauf. Dommage car on sent qu'en arrière plan, l'idée de mettre en scène un soulèvement des IA, représentées par des femmes, aurait pu être bien mieux racontée.
Le résultat se résume donc à un délire de nerd sans autre ambition que de caresser la rétine et les oreilles du spectateur. Certes n'est pas George Miller qui veut et comparer Blood Machines à Mad Max Fury Road est un peu fort de café mais il s'agit d'un superbe exemple de film visuellement fantastique, qui sait faire passer à travers sa réalisation, sa narration et son scénario, son message.
Tout cela étant dit, je ne peux qu'encourager un maximum de monde à voir ce film, puisque sa courte durée n'impose qu'un faible investissement. Hélas, il n'est à l'heure actuelle, pas disponible légalement en France, un comble pour un métrage réalisé en France, par des Français. Il faudra donc vous tourner vers les plates-formes de téléchargement illégales ou bien passer par un VPN.