La saga Ace Combat n'est plus toute jeune. Elle a débuté en 1993 sur bornes d'arcade avant d'atteindre le grand public sur PSX un an plus tard avec Air Combat. Le décollage a réellement lieu avec Ace Combat 2 toujours sur PSX, et on verra alors toute une escadre de suites prendre les airs dans les années suivantes, pour le meilleur ou pour le pire. D'aucuns diront que l'apogée sera atteinte sur PS2 avec les épisodes Squardon Leader et Distant Thunder vers 2005, avant de décrocher complètement et de risquer de s'écraser avec des épisodes presque non-officiels à la réalisation douteuse, et se déroulant dans un univers différent. L'annonce d'Ace Combat 7 semblait dessiner les contours d'un véritable retour aux sources, et les fans de la première heure l'attendaient avec impatience, missiles verrouillés. C'est l'heure pour votre serviteur de donner son verdict, alors rétractez les aérofreins, rentrez le train d'atterrissage, c'est parti.
Skies Unknown revient donc dans le monde imaginaire de Strangereal, sur lequel les différentes nations semblent adorer se mettre sur la gueule. En effet, le scénario part du principe que toutes les superpuissances de ce monde sont plus ou moins en guerre depuis 30 ans avec quelques interruptions. Malgré tout, chaque nation est prospère et dispose des meilleurs avions de chasse du monde. Le néophyte se retrouvera bien vite perdu dans le lore de la saga Ace Combat, celle-ci ayant préféré axer ses derniers épisodes dans notre propre monde. Ici donc, on revient aux fondamentaux et sans connaître un peu le contexte géopolitique de Strangereal, le titre va vite perdre une grande partie de son intérêt.
Car oui, Ace Combat possède un background hallucinant, qui pourrait, et je le dis sans trembler des genoux, rivaliser avec celui de la saga Metal Gear Solid, rien que ça, merci messieurs dames.
Alors, on pourrait tout simplement prendre Skies Unknown pour un simulateur aérien et se contenter de locker des ennemis à la chaîne et d'envoyer des missiles à tout va. Chacun fait bien ce qu'il veut mais ce serait une grosse erreur. Tout d'abord parce qu'Ace Combat n'est pas un simulateur, c'est un jeu d'arcade avant tout. L'aspect mis en avant est donc le scoring coûte que coûte : entendez par là, terminer les missions le plus vite possible en descendant le plus de monde possible tout en se faisant toucher le moins possible. Et c'est franchement dur d'arriver à faire toutes les missions en mode parfait !
Heureusement, les développeurs ont su rendre leur titre aérien et léger même pour les joueurs du dimanche. Au travers de 20 missions scénarisées, on aura droit à tout un panel de situations variées, se déroulant dans des décors à chaque fois uniques, et dans des conditions également singulières. En implémentant pour la première fois de véritables conditions météorologique qui viendront peser sur le gameplay, les créateurs ont sur donner à ce nouvel opus un aspect plus réaliste certes mais surtout beaucoup plus fun. Jamais l'ennui ne se fait sentir en mode campagne et pour un jeu qui pourrait se résumer à
- se placer derrière un ennemi
- tirer
- recommencer
Je dois avouer que c'est franchement pas mal d'avoir encore de bonnes idées derrière le clavier pour nous sortir des missions super bien pensées.
Les habitués retrouveront les niveaux cultes de la saga, à savoir la traversée d'un canyon, l'escorte d'avions de transport ou encore la traversée de tunnels et autres espaces étroits (à bord d'un jet et à mach 1 je précise), qui seront autant de nouvelles occasions de vivre ou revivre des situations absolument rocambolesques.
Comme je le disais plus haut, le scénario d'Ace Combat est riche, très riche. Le seul souci ici, c'est qu'il est affreusement mal distillé. La narration est absolument catastrophique, et sans un bon petit wikia des familles, difficile de remettre les pièces du puzzle dans le bon ordre. Il faut tout de même souligner l'effort de vouloir mettre une vraie histoire dans un jeu d'avions, mais hélas l'art et la manière de la raconter n'ont pas été mis sur la liste prioritaire des créateurs. Les cinématiques, les briefings et les messages in-game sont assez indigestes, surtout quand en plein dogfight les instructions de mission changent et qu'on se retrouve avec un game-over parce qu'on a pas écouté les équipiers très bavards.
Équipiers qui sont d'ailleurs inutiles au possible, ne comptez pas sur eux pour vous couvrir. A part faire des ronds dans le ciel, ils ne serviront à rien.
Visuellement, Ace Combat 7 est un jeu accompli. Les cieux n'ont jamais paru aussi beaux que dans ce jeu, et si on peut regretter le manque de finesse des décors au sol lorsqu'on fait du rase-mottes, on ne pourra qu'apprécier tout le reste, mis en valeur par des combats parfois dantesques, et par une bande son et une OST... juste incroyables. Écoutez l'OST de ce jeu, elle est superbe, et accomplir certaines missions au rythme de pistes idéalement orchestrées vous donnera des frissons je vous le garantis.
Parlons du bestiaire, ou plutôt du hangar, qui va petit à petit accueillir les avions de combat les plus célèbres. Chaque avion (hormis le 1er) est à acheter via des Military Results Point (MRP) glanés pour chaque mission réussie dont le nombre varie en fonction des aptitudes du pilote. Pour chaque avion il faut aussi débloquer deux armes secondaires qui viendront embellir vos moyens de tout exploser. On retrouvera donc le F16 pour débuter, et pèle mèle, toute la famille des Sukhoy, les F15 et leurs déclinaisons, F18, F33 et F22, mais également des chasseurs européens comme le Grippen, l'Eurofighter et le Mirage 2000 et le Rafale. Évidemment, les avions chelous et futuristes seront aussi de la partie, en fin de jeu. Des améliorations seront aussi à acheter pour rendre vos machines plus performantes, et chaque zinc pourra donc être personnalisé avec les pièces que vous voudrez.
La campagne ne suffisant pas à donner assez de points pour tout acheter, il faudra faire un tour par le mode multijoueur, et là, accrochez vous car c'est l'orgie. Il y a deux cas de figure : soit tout le monde tourne en rond et personne ne touche jamais personne, soit on tombe sur une partie de fous furieux et on passe son temps à tirer dans le vide ou bien à se faire descendre. L'avantage dans tout ça, c'est que quoi qu'il arrive, en 5min de match à mort on gagne plus de MRP qu'en 30 minutes de mission scénarisée !
La version PS4 peut se gargariser de la présence d'un mode PSVR, le temps de quelques missions bien spécifiques. Alors, habituellement je supporte bien le PSVR mais là en 30 minutes j'ai eu une énorme envie de gerber. Les sensations sont bel et bien là, l'impression d'accélération est excellente, mais ouah, faut avoir l'estomac accroché et pourtant je suis du genre à faire des attractions chelou après un cassoulet.
Ace Combat 7 revient donc avec brio sur la scène vidéo ludique et propose une expérience virevoltante, pleine d'excellentes idées et proposant des séquences épiques. Le point noir du jeu réside dans sa narration qui ne met pas en valeur une histoire très complexe. Cependant, on se prend rapidement au jeu et à ses tenants et aboutissants.